Attraper un poisson : mode d’emploi

 

Ici, je veux partager avec vous des photos de pêcheurs du Nord de la France avec la variété des pratiques dont ils disposent, du pêcheur retraité qui s’installe près d’un étang et attend patiemment les poissons au pêcheur professionnel qui embarque sur des chalutiers pour des journées de pêche en haute mer

En y réfléchissant un peu, les pêcheurs sont comme des oiseaux migrateurs. Vous n'en verrez que très peu pendant l'hiver, mais lorsque le printemps arrive enfin, vous commencez à en voir apparaître par petits groupes éparpillés ou en solitaires, sur les rives des étangs et des rivières, dès les premières lueurs du jour lorsqu'ils atteignent leur lieu favori (ce sont des créatures d'habitudes après tout, tout comme les oiseaux !) et repartent après quelques heures pour rejoindre leur nid et se régaler de leurs prises. Ils sont également en compétition avec d'autres oiseaux : vous les entendrez se plaindre des cormorans qui leur volent les poissons. Il est vrai qu'ils ont un grand appétit. Chaque jour, selon l'heure et la saison, soyez assurer de trouver des pêcheurs. Et puis vient l'hiver, et les voilà qui disparaissent pour un moment

pendant l'hiver, j'avais presque l'habitude d'être seul dans ces endroits, venant si tôt pour prendre des photos, quelques minutes après le lever du soleil, mais le printemps est arrivé et tous ces pêcheurs aussi, nichés sur les bords de la Somme. En tout cas, j'étais heureux que d'autres personnes puissent apprécier ces belles lumières matinales, cette scène splendide, avec la brume qui glisse doucement sur l'eau et le chant des oiseaux. Alors qu'ils prenaient des poissons, je les ai observés, tant les oiseaux que les pêcheurs. Ces derniers, lançaient vigoureusement leur appât, à l'aide de leur canne à pêche et tenter leur chance., car tout se résume à des probabilités, vous tentez votre chance chaque fois que vous lancez l'appât, vous le lancez un nombre donné de fois, avant d'attraper enfin un poisson. Ce jeune homme que j'ai rencontré dans le petit hameau d'Éclusier-Vaux, ce matin, venait du département du Pas-de-Calais, au nord d'ici, avec une bande d'amis. Certains oiseaux voyagent plus loin que d'autres lorsque la nourriture se fait rare.

La Somme ce matin là, que je partageais avec ces oiseaux matinaux :

La pâte sur une main et bientôt un poisson dans l’autre !

Plus tôt cette année, en des jours plus froids où les pêcheurs ne s'aventuraient pas dans ces zones plus reculées comme Éclusiers-Vaux pour trouver de beaux, gros et gros poissons, on pouvait les trouver dans des zones plus peuplées afin de continuer à pratiquer pendant l'hibernation, avant de regagner leurs zones de prédilection en été. C'est ainsi que je rencontre Alfred, un pêcheur sédentaire, qui se rend toujours au même endroit depuis une vingtaine d'années, au bord d'un plan d'eau public d'un parc où les murs défensifs de la ville - aujourd'hui partiellement inondés - arrêtaient autrefois les ennemis. Il me dit être surnommé dans le coin "Alfred la pâte", en raison de sa préparation maison pour appâter les poissons : un mélange de beurre, de pommes de terre et de jaune d'œuf. Je peux aisément constater les vertus de cette mixture car il n'arrêtait pas d'attraper de petits poissons. Il me dit ensuite qu'il ne vient que pour attraper des petits poissons, tout en libérant sa prise fraîche dans son vivier, filet mi immergé.

 

Lors d’une journée dans mon village de Péronne, je fais connaissance avec un groupe de messieurs rieurs et bavards, la plupart à la retraite et d’autres en congés et réunis autour de la pêche, ou simplement là pour le moment avec les copains. Ils me racontent avec fierté leurs prises récentes : brochet, silures, sandres de cinquante centimètre, un mètre, un mètre vingt… Je me mets à espérer voir une prise pareille aujourd’hui. Parmi eux, M. Mignet, ancien pêcheur et chasseur de cormorant, mandaté par le département pour en tuer jusqu’à 180 par saison. Le but ? éviter qu’ils ne déciment les stocks de poissons.

M. Mignet, qui semblait porter la mémoire du lieu dans son silence et son regard pensif

Concours de pêche dans l’Aisne

Un “carpiste” sur le point de confirmer une touche

 

Leur équipement, parlons en. D’un côté se trouvent les pêcheurs de truite, venus pour le lâcher, et de l’autre, les carpistes. A chaque oiseau son poisson. Les premiers ont une simple canne à pêche, un torchon pour manipuler le poisson, des appâts et quelques outils divers et un banc bien sûr, pour patienter assis.
Les carpistes, en revanche, viennent avec de très longues cannes à pêche démontables -dont ils gardent la deuxième moitié quand le poisson est sur le point d’être pris- si longues qu’ils amènent des sortes de tréteaux roulants pour faire avancer et reculer leur canne, des parasols, ou parapluie selon le temps, des sacs entiers de boîtes de conserve pour attirer les carpes et d’autres choses encore. Je les vois sans cesse passer d’une taille de canne à l’autre, changer de type de canne, s’affairer, assis sur leur barda, remplir de nourriture la petite boîte au bout de leur canne qu’ils vont actionner pour en lâcher le contenu dans l’eau et ainsi attirer les carpes, puis enfin, allumer une cigarette quand la patience seule prend le relai. De l’autre côté, sur l’autre étang, une simple canne avec un vers au bout du fil suffit est suffisant pour les truites.

Un soir de semaine, au bord d’un étang, un grand père regardant son petit fils pêcher me parle d’une compétition de pêche le lendemain. Je décide naturellement d’y aller, pour voir ce rassemblement de messieurs (pour la quasi totalité) réunis, perchés pourrait-on dire, en lignes épousant les contours des plans d’eau. Il s’agit d’un lâcher de truite où les participants espèrent enchaîner les prises, même si beaucoup sont là pour s’amuser et passer un bon moment. Je suis frappé par l’ambiance calme qui y règne, c’est un jour nuageux, de pluie fine, qui convient tout à fait à l’esprit de l’évènement où les pêcheurs silencieux, parfois abrités de parapluie, manient avec beaucoup de maîtrise leur équipement.

More soon !